L’amour au temps des GAFA – 4/10

Qu’il soit ou non emberlificoté de bons sentiments, de ces belles formules qui enchantent les oreilles mais déchirent les espérances et déboîtent les cœurs, le sexe n’est que le sexe s’il n’y a rien d’autre, rien de plus. L’ingrédient d’une recette ratée à laquelle il manquerait l’essentiel.

« Les kabbalistes insistent pour que le couple soit nu au moment de l’étreinte et que rien ne fasse obstacle au contact au contact des deux corps. (…) Il est dit aussi dans les textes que « l’homme après l’amour doit rester dans la femme ou dans son lit afin qu’elle ne croie pas que l’amour s’est consumé ». Il est enseigné à tous les futurs époux que l’acte sexuel s’accomplit dans l’amour et non avec lassitude ou à contrecœur. L’homme doit embrasser sa femme au moment de l’union. Les kabbalistes écrivent qu’il doit l’embrasser sur la bouche, qu’il faut prolonger l’étreinte et concentrer sa pensée sur sa femme. L’époux a l’obligation de la satisfaire » (Eliette Abecassis, Et te voici permise à tout homme).

« Il est enseigné à tous les futurs époux que l’acte sexuel s’accomplit dans l’amour et non avec lassitude ou à contrecœur. »

Nous sommes des animaux. Rien n’interdit de copuler pour copuler. Nous sommes créés pour.  «  Le clitoris est pur par définition. C’est le seul organe du corps humain fait purement pour le plaisir. Le clitoris n’est qu’une simple boule de nerfs. Huit mille terminaisons nerveuses, pour être tout à fait précis (…) Un clitoris, ça ne se [perd] pas. [Il est moi, il est] mon essence même. [Il est] tout à la fois la sonnette de ma maison et ma maison elle-même. [Je n’ai pas] à le retrouver, [juste] à l’être. Être lui ». » ( Eve Ensler, Les monologues du vagin).

Les animaux et nous

Ce qui nous différencie des autres animaux est cette capacité à donner de la grandeur, de la beauté à nos rencontres, nos relations, à leur brièveté, à leur longévité, à leur intensité, à leur formule, à leur tournure. Nous avons inventé le romantisme, cette parure qui magnifie nos accouplements. Nous avons inventé et nommé tout un tas de jeux pour exprimer nos envies, nos pulsions, nos goûts, leur donner corps, sens, valeur, moyens, de devenir sujets de littératures, d’aventures filmées, accès vers le nirvana, la célébrité.

Nous avons grandi.

Nous sortons tranquillement de l’enfance qui obligeait aux faux-semblants, aux obligations et autres assignations, pour avancer, même très inquiets, parfois à reculons, vers l’âge adulte, celui de la maturité, ce plongeon dans l’univers inconnu et tonitruant de la responsabilité.

« Nous avons inventé le romantisme, cette parure qui magnifie nos accouplements. »

L’âge adulte suppose la responsabilité de ses actes. Grandir, mûrir, c’est assumer ce que l’on fait, ce l’on dit, ce que l’on est.

Le sens des responsabilités

Nous sommes des animaux qui avons inventé une manière de se rencontrer, d’aimer, d’entrer en relation, de l’orner et qui l’utilisons parfois, cette dorure pour blesser, pour piéger, pour classer, déclasser, pour notre propre profit, pour nos intérêts propres.

Dans le grand marché de la solitude, cette invention merveilleuse, qui nous est propre, qui embellit lorsqu’elle se charge de ce que l’on ne sait pas définir, mais que l’on parvient, pour peu que l’on y prenne garde, à ressentir, plus ou moins fort, cette belle invention écrase. Elle broie. Lorsqu’il n’est question que d’accumulation, lorsqu’il n’est question que de son soi en oubliant celui des autres, elle broie, cette belle invention. Lorsqu’elle est séparée de tout le reste, de l’honnêteté, en particulier.

Nous avons grandi.

Un adulte assume ses fautes. Tromper l’autre en arguant de la parure pour son propre intérêt, en oblitérant tout le reste, agir ainsi sciemment, vendre un rêve vide, celui que nous avons inventé, c’est un peu, c’est beaucoup, se comporter en connard.asse. Cela n’a pas d’autre nom. Être adulte, c’est assumer.

Partager rend heureux

Même lorsqu’il ne s’agit que de sexe. Surtout lorsqu’il s’agit de sexe. « Il y a quelque chose de profond dans le fait pour quelqu’un de donner accès à son corps et d’offrir le sien à quelqu’un d’autre » confirme cette étude. Le sexe rend d’autant plus heureux qu’il est basé sur la profondeur des sentiments, quels qu’il soient, quel qu’en soit la durée. Il rend d’autant plus heureux qu’il est honnête, le sexe. D’autant que nous sommes grands maintenant. Que nous assumons ce que nous sommes. Tout ce que nous sommes. La plupart du temps.

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